La résurrection du Christ     ( le TINTORET )


QUESTIONS DE CHRONOLOGIE CHRETIENNE

                  II               LA QUESTION DE PAQUES


      I   Brève histoire des origines de la religion chrétienne
     II  La question de Pâques
     III  L'invention de l'ère chrétienne
     IV   L'erreur du judéo-christianisme
 
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La bombe de l'apocalypse ( S DALI )

 

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  SOMMAIRE  
A) DIFFUSION ET SIGNIFICATION DU RITE PASCAL
B) LE CONCILE DE NICEE
C) TABLES ALEXANDRINES / SUPPUTATIO ROMANA
D) ESSAI DE CORRECTION SOUS LEON PREMIER
E) LE COMPUT DIONYSIEN
F) LE CALENDRIER GREGORIEN

 

             A           DIFFUSION ET SIGNIFICATION DU RITE PASCAL                         
                       durant les deux premières périodes / le de pascha computus

            La diffusion du rite pascal accompagna l'adoption progressive de la Septante par les communautés chrétiennes, qui retinrent du livre alexandrin le nom de la fête. Elles ne célébraient pas le souvenir du passage de la Mer Rouge et de l'entrée dans la Terre Promise, mais elles visualisaient au pied des murs d'eaux dressés le passage mystérieux vers leur croyance en un Sauveur, perpétuellement présent, thaumaturge bienfaisant, futur vengeur des atrocités subies du fait des propriétaires romains. Cette diffusion devint donc générale progressivement ,selon le rythme des traductions du grec en latin à partir de 150; l'organisation des communautés resta clandestine jusqu' en 212; l'extension de la citoyenneté romaine permit leur intégration dans la vie privée autorisée par l'institution légale des Collegia. La plupart des cultes officiels s'entouraient de pratiques de "mystères ". Les Chrétiens cherchèrent à mystériser leurs réunions par l'adoption de gestes symboliques. Le baptême par le sang d'un taureau pratiqué dans les groupes mithriaques, même s'il rappelait les cultes de Fécondité nés dans les derniers âges du néolithique, ne pouvait être reproduit parce que d'un prix prohibitif. Le baptême par l'eau courante ne nécessitait qu'une mise en scène peu onéreuse, et rappelait à chaque immersion les vertus bienfaisantes de ce que nous appellerons bien plus tard l'hydrothérapie, bienfaits ressentis fortement par des populations ordinairement sans soins, et vertus attribuées habituellement à des divinités aquatiques. Ce baptême en outre ne représentait pas une pratique spécifiquement juive. Déjà, les Hittites au 14ème siècle avant notre ère usaient fréquemment de cette purification dans un esprit religieux. Le baptême marquait l'entrée mystérieuse dans une communauté après initiation, à Pâques, seule fête des Chrétiens.

       La fixation de la date de Pâques constituait-elle un emprunt au calendrier lunaire juif ? On le prétend généralement sans rappeler que ce calendrier était issu d'anciens calculs, notamment égyptiens et mésopotamiens.
       Nous possédons toutefois un comput pascal, le seul pour les deux périodes considérées, intitulé " de pascha computus ", témoignage de la foi d'une communauté chrétienne d'Afrique du Nord, et destiné, semble-t-il, à dater la pâque de 243; livre analysé en détail par le cardinal J.Daniélou dans un ouvrage posthume sur " Les origines du Christianisme latin ". Cet ancien écrit, par une série de calculs gématriques qui transformaient en chiffres les lettres formant les mots, établissait que le Sauveur était né le quatrième jour de la création avec le Soleil, auquel il était assimilé totalement. La Pâque célébrait cette naissance symbolique fixée au 8 des calendes d'Avril soit le 25 Mars, à l'équinoxe de printemps dans l'ancien calendrier Julien, à partir duquel la durée du jour augmentait par rapport à celle de la nuit.
        Or le 25 Mars   marquait sous  l'Empire, dans le culte très  populaire de Cybèle-Attis , " le retour ", la résurrection d'Attis, accompagnée de réjouissances populaires, les hilaries. Finalement ce comput s'accordait difficilement avec le contexte du 3ème siècle; il a été vraisemblablement interpolé à l'époque suivante 4ème ou 5ème siècle, au commencement de laquelle trois usages principaux étaient reconnus portant les noms des trois villes principales: Rome, Alexandrie, Antioche.

En fait, chaque communauté fêtait sa Pâque, et le désordre se développa jusqu'à prendre une dimension anarchisante. .

                  B                          LE CONCILE DE NICEE

       Ce désordre déplut naturellement à Constantin, qui rêvait d'unité, d'uniformité en tout. L'Eglise devenue Administration religieuse de l'Empire après 313, l'Empereur souhaitait que la fête de la Pâque fut célébrée par tous, le même jour, en tout lieu, manifestant à la fois l'unité de la religion et celle de l'Empire.
        Déjà, la question avait été débattue au Concile d'Arles, sans résultat. Le Concile de Nicée se saisit du problème et avança quelques solutions:
           - D'une part, il fixa l'équinoxe de printemps au 12 des Calendes d'Avril et non plus le 8, soit le 21 Mars au lieu du 25; on corrigeait ainsi les décalages dus à l'application du calendrier Julien. Le 21 Mars était en 325 le véritable équinoxe vernal.
           - D'autre part, le Concile décida que la Pâque serait fêtée le dimanche situé entre le 14ème et 21ème jour (pleine lune) de la nouvelle lune du 21 Mars.

     Des lettres furent envoyées à diverses Eglises dont celle d'Alexandrie, pour annoncer " la bonne nouvelle de l'accord réalisé sur la Sainte Pâque....." En fait, l'usage antiochien s'étant fondu dans l'alexandrin, le Concile formula un compromis entre Rome et Alexandrie. Ces deux Eglises s'emploieraient à trouver un accord toutes les fois que leurs calculs différeraient dans la détermination de la néoménie; il n'y avait aucune prééminence d'une communauté sur l'autre.
      L'important se situait dans la signification nouvelle et définitive donnée à la fête de la Pâque. Celle-ci ne constituait plus la fin d'une longue initiation à la doctrine par le mystère du baptême. Les persécutions avaient obligé à modifier cette pratique, qui s'était banalisée en quelque sorte; si bien que le Concile de Nicée dans son Canon n° II avait tenu à traiter des " païens catéchisés en peu de temps et aussitôt conduits au baptême ". La Pâque devint la célébration du souvenir de la résurrection du Sauveur.

     Le Credo des 318 Pères réunis à Nicée, acte fondateur de l'Eglise catholique, compte plusieurs dispositions surprenantes. Outre la déclaration révolutionnaire d'un Dieu unique et trine, dont nous connaissons bien les présupposés politiques, cette profession de foi établissait l'Incarnation du Fils " qui s'est fait homme, a souffert, est ressuscité le 3ème jour, viendra juger les vivants et les morts ". Elle frappe par son manque absolu de références historiques; ni date ni lieu; l'absence d'une indication de la mort du Fils et d'un ensevelissement; si bien que la mention d'une résurrection le 3ème jour nous paraîtrait totalement sans raison, s'il n'y avait à Rome et dans l'Empire, depuis des siècles, la résurrection annuelle d'Attis à l'équinoxe vernal.

     En d'autres termes, la profession de foi des Pères du Concile exprimait, pour l'essentiel, un symbolisme préexistant, qui conduira à la mise en croix du Christ-Roi par le Concile de Chalcédoine en 451.

      Plus précisément, en datant la fête de la Pâque à partir de l'équinoxe vernal, on célébrait à la fois la résurrection d'Attis christianisé, et la naissance, au 4èmejour de la création dans la Septante, du Sauveur assimilé au Soleil selon le " de pascha computus ". En la datant simultanément à partir de la nouvelle lune considérée, on célébrait Cybèle et, en même temps, toutes les anciennes divinités maternelles dispensatrices de leur Fécondité. La Pâque s'institutionnalisait comme la grande fête de tous les symbolismes solaires et lunaires. A la vérité, il devenait inutile de christianiser par la suite la fête du Sol invictus, le 25 Décembre, si cette fête avait été purement religieuse. Mais, il s'agissait concrètement de célébrer, là, l'origine divine de l'Empereur, nouveau Soleil, Noël (Néo Hélios), Enfant-Soleil, dont Apollon, Mithra et autres divinités solaires garantissaient par leur présence symbolique l'ascendance divine, depuis le culte instauré par Aurélien en 274. Comme le Sauveur des Chrétiens, Fils unique du Dieu-père unique, était défini par le Concile de Nicée " Lumière de lumière ", sa présence seule suffisait, désormais, à attester la sacralisation de Constantin, et à rendre encore plus indispensable la fête du 25 Décembre devenue Noël chrétien. Profitant de circonstances favorables, la christianisation inventée par Constantin aboutissait à une apothéose du culte impérial, accepté par la plèbe et l'aristocratie (matrice d'évêques), les hommes libres et les esclaves; aucun Empereur avant lui n'avait pu en rêver.
      De son vivant, au centre même de la Constantinople chrétienne, une immense colonne de pierres rouges portait à son sommet une statue le représentant en dieu-solaire, la tête entourée de rayons et les foudres à la main; on s'agenouillait devant lui (ô christos); après sa mort, Constantin fut divinisé par ses sujets, les Chrétiens.

                C                  TABLES ALEXANDRINES / SUPPUTATIO ROMANA      

Malgré les objurgations du Concile de Nicée, les divergences entre Rome et Alexandrie se maintenaient, c'est-à-dire s'aggravèrent : En Orient, la situation était assez claire. Toutes les églises, y compris Antioche, avaient adopté les Tables alexandrines. Les patriarches d'Alexandrie calculaient et transmettaient aux autres évêques la date à laquelle il fallait célébrer la Pâque. Cette opération reposait sur deux éléments:
           -L'équinoxe de printemps avait été fixé au 21 Mars suivant les indications du Concile de Nicée.
           - La nouvelle lune était déterminée à partir du cycle de Méton, cycle de 19 ans ou 235 lunaisons, par lequel on connaissait la date exacte (approximative) de la néoménie puisque, pensait-on, la lune nouvelle apparaissait rigoureusement à la même date après ces 19 ans.

       Les patriarches d'Alexandrie avaient réglé le problème en faisant établir des tableaux permettant de connaître à l'avance, année par année, la date de la Pâque. Cyrille au Vème siècle avait continué la Table de Théophile jusqu' en 531 de notre ère, c'est-à-dire en 247 de l'ère historique de Dioclétien. Ces Tables faisaient intervenir différents facteurs comme le nombre d'or, les indictions, les épactes, le cycle solaire etc...; elles constituaient de véritables monuments élevés à la gloire de la science arithmétique de l'époque; elles développaient autour d'elles une aura de mystère et de respect, qui convenait au rôle sacré tenu par le patriarche.

      A Rome, qui calculait pour l'Occident, on procédait tout différemment :
            - D'une part, on avait maintenu la date de l'équinoxe vernal au 25 Mars au lieu du 21.
           - D'autre part, on croyait avoir une tradition suivant laquelle la Pâque ne pouvait être célébrée ni avant le 25 Mars, ni après le 21 Avril.
           - Enfin, pour déterminer la date de la néoménie, on utilisait non pas le cycle de 19 ans de Méton mais un ancien cycle de 84 ans.

     En conséquence, après Nicée, d'Alexandrie à Rome, la Pâque pouvait différer d'une semaine à un mois entier.
      Les Romains se décidèrent à adopter l'équinoxe réel du 21 Mars mais ils défendirent plus longtemps la règle du 21 Avril : au tout début du Vlème siècle, en 501, le pape de Rome Symmaque s'était encore efforcé de la maintenir.
      Finalement, les Romains s'évertuèrent à pallier les défectuosités des vieux computs en leur possession, appelés parfois Supputatio romana.

           D              ESSAIS DE CORRECTION SOUS LEON 1         

     Au cours d'un épiscopat de plus de 20 ans, Léon Premier (440 -461) est inhabituellement intervenu, tant en Occident qu'en Orient, pour faire prévaloir l'autorité romaine en matière de doctrine, discipline et liturgie. Après le Concile de Chalcédoine en 451, il remit en cause le comput alexandrin de Théophile et Cyrille; il demanda à l'Empereur Marcien la révision de leur système " au nom de la vérité du sacrement et de l'unité de l'Eglise..." Cette intervention avait vraisemblablement été provoquée par l'excommunion que Dioscore, patriarche d'Alexandrie, avait auparavant prononcée contre Léon.
      Toutefois, le respect dû aux vieilles traditions ne suffisait pas à effacer les différences dans les décomptes des jours; il fallut bien envisager de corriger la Supputatio romana pour combler les vides.
      Deux essais furent tentés:
           - Le premier en 447 par Prosper (d'Aquitaine)
           - Le deuxième en 457 par Victor d'Aquitaine, à la demande d'Hilaire archidiacre et futur successeur de Léon 1, en 461; Le travail de Victor resta un document d'expert et ne fut jamais officialisé.

     Les deux computistes avaient en commun d'avoir opéré à partir des calculs alexandrins, et indiqué, aux années où elles étaient en conflit, les solutions romaines et alexandrines. Victor d'Aquitaine avait présenté à Hilaire un cycle de 532 ans qu'il avait vraisemblablement trouvé, déjà calculé, chez Prosper.
      Le décompte de ces 532 années s'établissait à partir de l'année de la mise en croix du Sauveur dont la durée de vie était estimée à 28 ans, durée d'un cycle solaire. Ces 532 années représentaient donc le cycle global des dates de la Pâque, soit 19 (cycle de Méton) multiplié par 28 (cycle solaire).
      Victor bâtissait son comput après le Concile de Chalcédoine en 451. Compte tenu de l'importance extrême de cette réunion œcuménique et de l'acharnement de Léon 1er. à soutenir la formulation de certains dogmes tel celui des deux natures en une seule personne, la prise en compte de la mise en croix salvatrice devenait une innovation naturelle en marquant l'an l d'une ère nouvelle. Prosper partageait en outre cette façon d'imaginer une première Pâque chrétienne comme situant le début d'un nouvel âge. La mise en croix aurait été déjà incluse dans le Credo des Pères réunis au premier Concile de Constantinople en 381, mais les actes officiels en avaient été égarés. Les actes du Concile de Chalcédoine les avaient reconstitués pour partie; Prosper pouvait donc en 447 en être informé

     On voit par là l'importance des présupposés des deux computistes
           - D'une part, ils pensaient apparemment que les Tables alexandrines indiquaient par leur dernière année calculée la fin du cycle pascal global, soit l'an 247 de l'ère de Dioclétien.            - D'autre part, ils prenaient comme année l de ce cycle le résultat mathématique de la soustraction des règnes d'Empereurs avant Dioclétien, alors que, en l'an l de notre ère, il n'y avait pas de fête de la Pâque chrétienne; ni même au premier siècle.

                 E                                              LE COMPUT DIONYSIEN

     En définitive, rien ne bougea fondamentalement.
     En 525, les chefs de la chancellerie de Jean 1er.évêque pape de Rome, c'est-à-dire Boniface , primicier des notaires, et Bonus, secondicier, voulurent s'informer sérieusement des modalités de calcul de la Pâque et s'adressèrent à cette fin à un moine d'origine orientale appelé Dionysius Exiguus, canoniste renommé auteur de la première collection de décrétales encore utilisée de nos jours, et mathématicien estimé.
      Denys s'empressa de leur présenter les Tables alexandrines et le cycle de 19 ans comme une conséquence directe des délibérations du Concile de Nicée, dont il venait de traduire du grec en latin les actes officiels; il s'agissait là d'une fraude caractérisée, quelles qu'en puissent être les " pieuses " raisons. Emporté par son élan, Denys poursuivit le travail exécuté sous Théophile et Cyrille, patriarches d'Alexandrie; la Table temporaire des échéances pascales s'arrêtait à la fin de l'an 531 de notre ère, il la compléta par des calculs comprenant cinq cycles supplémentaires de 19 ans, soit 95 années plus tard jusqu'en 626.      Le primicier des notaires, Boniface, convaincu (par le mensonge de Denys ? ), rédigea un rapport pour présenter favorablement au pape Jean 1er. le travail du computiste. Le pape de Rome aurait décidé, au plus tard début 526, d'adopter définitivement les usages alexandrins.
      L'originalité de Denys, en cette affaire, ne tenait pas à la conversion de l'année 248 de Dioclétien (ou 248 depuis les martyrs comme il était dit généralement en Egypte) en une année 532, puisque précédemment Prosper et Victor d'Aquitaine avaient opéré cette transformation. Son originalité consistait dans la haine qu ' il vouait à Dioclétien, dont il voulait effacer le nom et le règne, mais aussi dans le fait qu'il fixait à l'an 1 de référence non pas la mise en croix du Sauveur, comme les deux calculateurs précédents, mais son Incarnation
      Quoi qu'il en soit, après la mort de Jean 1er. le 18 Mai 526, il n'est plus question, à Rome, du comput de Denys le Petit.

                      F                        LE CALENDRIER GREGORIEN

      Ainsi, deux siècles furent nécessaires (325 - 525) pour que se terminât, par l'effet d'une " pieuse " fraude, la querelle opposant Rome à Alexandrie pour la fixation de la date de la Pâque. Alexandrie marquait sa prééminence dans la liturgie de l'Eglise catholique; elle accrut celle-là à la fin du VIème siècle par la coopération de Pierre le Foulon réinstallé sur le Siège épiscopal d'Antioche. Pierre savait à quel point les habitudes du culte pouvaient influer sur la pensée religieuse. Il avait introduit à la messe l'usage de réciter le Credo de Nicée; il compléta le Trisagion, le trois fois saint, par la formule du " mis en croix pour notre salut "; notre salut, c'est-à-dire d'abord notre bonne santé. Ces innovations devaient apparaître 50 ans plus tard comme un ultime message, puisque la vague musulmane noyait alors complètement le proche Orient et l'Egypte.
      La catholicité de l'Eglise restait comme un ancien souvenir de l'Imperium romain, et l'expression d'une volonté de puissance qui ne renonçait pas au gouvernement universel des âmes. Repliée sur l'Europe Occidentale, l'Eglise, devenue romaine, renforça ses efforts pour la christianisation des Barbares d'origine germanique ou nordique.

     Cependant, la Terre continuait à tourner et l'utilisation du calendrier Julien accumulait de siècle en siècle de petites erreurs dont le total se traduisait par de très fâcheuses conséquences. Dans ce calendrier, en effet, l'année solaire était trop longue de 11 minutes, c'est-à-dire que l'année réelle commençait 11 minutes plus tôt que l'année officielle, ce qui au cours des siècles faisait glisser l'apparition de l'équinoxe de printemps. Au XVIème siècle, le retard effectif était de 10 jours; l'équinoxe réel correspondait en fait au 11 Mars du calendrier Julien. Par ailleurs, le cycle de 19 ans de Méton, employé dans les Tables alexandrines ne se déroulait pas en 19 années juliennes exactement mais en 19 années moins environ 89 minutes. Si bien qu'entre le IVème et le XVIème siècle les néoménies s'étaient déplacées d'environ 4 jours.
      Ces glissements de l'équinoxe vernal et des phases de la lune avaient été constatés durant tout le Moyen Age, mais personne n'avait osé traiter la question, jusqu'au XVIème siècle. Le XVIème siècle marqua une période capitale pour l'Eglise romaine; ce fut le moment de la Réforme protestante: En 1517, Luther publia ses " 95 thèses "; ce fut aussi la mise en marche de la Contre-Réforme par le Concile de Trente dont les travaux s'étalèrent de 1545 à 1563 en trois époques: 1545/1547 , 1551/1552, 1562/ 1563, et 25 sessions. Un des derniers décrets de la dernière session demanda au Pape de procéder à la réforme du catéchisme, du bréviaire et du missel. Or la réforme complète du bréviaire exigeait préalablement celle du calendrier Julien.

     En 1572, Grégoire XIII succèda à Pie V sur le trône pontifical; il décida d'entreprendre cette refonte du calendrier civil. Pour ce faire, il nomma un Comité d'experts dont un Jésuite bavarois Christoph Klau astronome et mathématicien; on latinisa son nom en Clavius. En 1577, on envoya à certaines autorités et personnes royales un résumé, ou compendium, des travaux préparatoires du Comité. Les réponses furent tellement divergentes et décevantes que le Pape décida de s'en tenir à son seul avis; il publia le 24 Février 1582 la Bulle " Inter gravissimas " suivie peu après de textes explicatifs au nombre de six, appelés canons. Ces textes donnaient principalement la définition du nombre d'or, de l'épacte, du cycle solaire, de la lettre dominicale, de l'indiction; le 6ème canon établissait la règle permettant de fixer la date de la Pâque à partir de l'épacte et de la lettre dominicale.
      Par un motu proprio du 7 Novembre 1582, le Pape décida que le passage au nouveau comput se ferait dès Février 1583. Après 1583, différentes explications furent rédigées par Clavius, notamment en 1603 à l'instigation de Clément VIII.
      La réforme souffrit dans son application de son origine pontificale; plusieurs pays ne l'acceptèrent qu'après un temps très long, notamment les pays de religion dite orthodoxe, au début du XXème siècle, mais uniquement pour leur calendrier civil; leur calendrier religieux resta le calendrier Julien.
      Ajoutons en conclusion que le 4 Décembre 1963 dans sa troisième session le Concile Vatican II, en appendice au chapitre sur l'art sacré et le matériel du culte, a annexé une déclaration sur la révision du calendrier; il ne s'opposa pas à ce que " la fête de Pâques soit fixée à un dimanche déterminé du calendrier grégorien, avec l'assentiment de ceux à qui cela importe ".

                          Ainsi la question de Pâques n'est pas encore réglée.

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