QUESTIONS DE CHRONOLOGIE CHRETIENNE
III         INVENTION DE L'ERE CHRETIENNE



      I   Brève histoire des origines de la religion chrétienne
     II  La question de Pâques
     III  L'invention de l'ère chrétienne
     IV   L'erreur du judéo-christianisme
 
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La bombe de l'apocalypse ( S DALI )

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SOMMAIRE
A) L'ERE CHRETIENNE: UNE DATATION MODERNE
B) LA DETERMINATION DE L'ANNEE DE REFERENCE
C) LA SIGNIFICATION DE L'ANNEE DE REFERENCE
D) LA ROMANISATION DU TEMPS CHRETIEN

  
                            

               A           L'ERE CHRETIENNE: UNE DATATION MODERNE

     Dans les pays occidentaux, depuis longtemps déjà, tout événement est daté à partir de l'an l de l'ère chrétienne, devenue de ce fait l'ère vulgaire. Comme nous vivons couramment en projetant notre présent dans le passé, nous imaginons volontiers qu'il en était de même dans nos contrées au cours de ces 20 siècles écoulés. L'an l de notre ère vulgaire débute sept jours après la naissance du Fils du Dieu chrétien, au sujet de laquelle nous ne possédons aucune certitude historique. Tout se passe, en fait, selon la tradition christianiste, comme si cet événement avait été immédiatement connu dans tout l'Empire romain.

     La lecture des documents préparatoires du calendrier grégorien nous conduit à nous interroger quant à l'origine certaine de notre ère, c'est-à-dire du point fixe à partir duquel tout événement est situé. Déjà, le Compendium envoyé à diverses personnalités royales et mathématiciens connus est daté anno Domini 1577; en clair ce mode " chrétien " de datation n'est pas universel ni unique, il faut préciser l'origine de ce calcul pour qu'on puisse éventuellement traduire le résultat (1577) en un autre système de datation employé à l'époque, par une population particulière dans un pays déterminé. Si l'ère chrétienne avait existé véritablement, il n'y aurait pas eu besoin de préciser: " anno Domini ". Notre surprise est encore plus grande si nous considérons les " canons " explicatifs de 1582 ( au sujet desquels nous n'avons pas besoin de préciser "anno Domini " ). Ces "canons " comprenaient des tableaux explicatifs; par exemple, dans le canon no1 une table calculait le nombre d'or jusqu'à 800.000.000 anni Domini. L'inconscience mâtinée de fatuité de ces fidèles mathématiciens " chrétiens " pourrait porter à sourire; surtout elle nous démontre que pour eux dans 800 millions d'années, il faudrait encore préciser " anno Domini "; ils n'imaginaient pas que leur système de datation pourrait à la fois s'étendre et remplacer tous les autres, dans les pays chrétiens.
      En fait, le Dictionnaire historique de la langue française nous apprend qu'en notre pays l'ère (chrétienne) est devenue le point fixe à partir duquel les années sont calculées, en 1678-1680; c'est-à-dire 10 siècles environ après les publications de Bède le Vénérable. L'ère chrétienne, ou ère de l'Incarnation, fut adoptée dès 741 par les Annales du royaume Franc. Mais, en 772, Adrien I er, souverain de l'Etat pontifical, manifestait son autorité en datant ses Actes de son année d'accession au Trône; à partir de 798, on y ajouta l'indication de l'année du règne de Charlemagne, puis ,de ses successeurs, parrains de l'Etat pontifical; ils furent remplacés au Xème siècle par les Ottoniens. A partir de 957, on surajouta le millésime de l'année dans l'ère de l'Incarnation.

     Pendant des siècles, au cours du Moyen-Age, l'année calendaire, dans des régions particulières dans un pays déterminé, la France par exemple, commença à des dates différentes 25 Décembre, 1er.Janvier, 25 Mars etc ... L'uniformisation du calendrier et du décompte du passé en ères diverses demanda un long travail séculaire, que nous avons naturellement tendance à totalement oublier.
                                                    

             B                LA DETERMINATION DE L'ANNEE DE REFERENCE

     Bède le Vénérable était un moine britannique formé dans les monastères de Wearmouth et de Jarrow, où il put consulter les livres de bibliothèques importantes constituées d'ouvrages acquis à Rome en particulier au Latran qui avait recueilli une partie des manuscrits du Vivarium de Cassiodore. Plus précisément, un certain abbé Félix aurait apporté le comput pascal de Denys le Petit.
      Ce Félix aurait été un évêque Burgonde, que Sigbert, deuxième fils de Réduald roi d'Est-Anglie aurait emmené avec lui à son retour de Gaule où il était en exil; Sigbert prit la direction du royaume après la mort de son frère. Félix s'installa à Turwich et convertit toute l'Est-Anglie.       La question de Pâques était passionnément débattue dans toute l'Angleterre car pour beaucoup la fête marquait encore l'achèvement de l'initiation et le moment du baptême: ainsi, le roi Edwin avec toute sa cour d'York et une partie de son peuple se fit baptiser à la Pâque de 627. Plus tard, un certain Théodore natif de Tarse fut consacré évêque à Rome le 26 Mars 668, et fut envoyé en Angleterre par le Pape Vitalien, accompagné d'un moine africain du nom d'Hadrien. Théodore prit possession du Siège épiscopal de Cantorbéry le 27 Mai 669. Il tint un Concile à Hartford en Essex le 24 Septembre 673, qui réunit les évêques de Rochester, Est-Anglie, Wessex, Mercie et les légats de l'Evêque de Northumbrie. Théodore leur proposa d'accepter dix articles ,extraits d'un livre de Canons qui était très probablement celui de Denys le Petit; ces articles étaient plus précisément relatifs à la Pâque; le comput dionysien fut alors adopté, conformément aux vœux du Pape romain.

      Bède l'utilisa pour sa part dans sa participation aux querelles religieuses de l'époque sur le calendrier ecclésiastique. Bède écrivait principalement une importante histoire ecclésiastique des Anglais achevée en 731; une sorte de pendant de " l' histoire des Francs " de Grégoire de Tours. Il y avait alors sept royaumes en Angleterre qui avaient chacun un calendrier particulier daté de l'accession au trône du roi vivant; il était pratiquement impossible de lier entre elles les histoires de ces sept royaumes, sauf à leur imposer un point fixe identique pour calculer le temps et expliquer comparativement l'histoire de ces sept souverainetés. Bède disposait donc du Comput de Denys, mais celui-ci bâtissait essentiellement un cycle pascal et non un cycle historique. Bède dût sortir l'année de référence dionysienne du comput pascal pour en quelque sorte. " l' historiciser ", et transformer en un événement ce qui n'était jusqu'alors qu'un symbole.

              C              LA SIGNIFICATION DE L'ANNEE DE REFERENCE 

     Cette sorte de filiation de Bède nous conduit à réexaminer les calculs des trois mathématiciens : Prosper et Victor d'Aquitaine sous Léon 1er., et Dionysius Exiguus sous Jean 1er Les trois savants ont en commun:
           - D'être partis des Tables alexandrines de Théophile et Cyrille dont ils authentifiaient la validité.
           - D'avoir établi un cycle pascal complet de 532 ans par la multiplication des principes de base des Alexandrins: le cycle solaire de 28 ans, et le cycle de Méton de 19 ans.
           - D'avoir estimé que la fin (provisoire) des Tables alexandrines, soit l'an 247 de l'ère de Dioclétien, marquait la fin du cycle de 532 ans.
           - D'avoir calculé l'an l du cycle par soustraction de l'ère de Dioclétien, augmentée de la durée des règnes des Empereurs précédents, jusqu'à moins 531.

     Ils obtenaient ainsi un contenu complet de ce cycle pascal global. Ils différaient toutefois complètement dans la signification de l'année de référence :
           - Prosper et Victor concluaient logiquement, s'agissant d'un cycle pascal global, que l'année de référence indiquait la célébration de la première Pâque. Ce faisant la Pâque devenait la fête chrétienne la plus chargée en symboles; d ' une part, on rappelait en effet le souvenir de la naissance du Sauveur-Soleil à l'équinoxe vernal, comme le voulait le vieux livre " de Pascha computus "; d ' autre part, l'ensevelissement et la résurrection trois jours plus tard d'Attis christianisé. On célébrait en même temps le nouveau Sauveur et les divinités tutélaires de la Fécondité solaires et lunaires. Le tout était signifié par la mise en croix décidée en 451 par le Concile de Chalcédoine; celui-ci voyait essentiellement en Christ le Dieu fécondateur dont le sang apportait à la terre et aux hommes le salut, c'est-à-dire d'abord une bonne santé, répondant ainsi aux besoins d'une population d'agriculteurs. Le Comput de Victor fut utilisé en Gaule au moins jusqu'aux temps carolingiens; il faisait donc naître son Christ 28 ans plus tôt au tout début de l'Empire d'Auguste, homme " divin " par excellence, descendant de Vénus par la Gens Julia du fait de son adoption par Jules César' et descendant d'Apollon et d'Esculape par sa mère Attia.
           - Denys ,lui, raisonnait à partir d'autres présupposés. Il était le traducteur en latin des Actes en grec du Concile de Nicée; la profession de foi des 318 Pères comportait, outre la déclaration de l'existence d'un Dieu unique et trine, celle non moins révolutionnaire de son incarnation en un homme; pour laquelle les philosophes, platoniciens ou autres, traitaient les Chrétiens d'Athées du fait de l 'incommutabilité des natures. L'Incarnation constituait pour Denys l'acte essentiel indispensable à la manifestation des autres mystères: la Résurrection et l'Ascension. L'Incarnation commandait à tout; aussi bien, Denys, pour lui donner toute son importance, la fixa-t-il quelques jours avant l'année de référence, au solstice d'hiver traditionnel, soit le 25 Décembre ou le 8 des calendes de Janvier 1. Si l'on considère ce jour comme une date historique, on constate assurément qu'aucune fête d'aucune sorte n'était alors célébrée. Denys rétroprojetait la fête du Sol invictus initiée en 274, de notre ère, par Aurélien. La fête de l'Incarnation restait entièrement symbolique. Par contre il ne pouvait y avoir de célébration pascale avant l'année 29, puisque la vie de Jésus était estimée à 28 ans; certains pensent que Denys, pour des raisons pratiques, Le faisait ressusciter à 31 ans. S'agissant d'un cycle global de la Pâque, on voit là combien les calculs dionysiens étaient artificieux, puisque ce cycle global de 532 ans se réduisait de 28 ans sans aucune raison historique; le poids des présupposés les conditionnait d'autant plus que, datant l'équinoxe vernal le 21 Mars et non plus le 25 Mars suivant la décision du Concile de Nicée, Denys continuait à se conformer strictement à la tradition romaine instaurée par Aurélien et faisait naître son Sauveur le 25 Décembre au lieu du 21.

     Les calculs de Bède sortirent l'an l du cycle pascal et " historisèrent " la naissance du Sauveur, célébrant en ce jour l'avènement de Noël, nouveau Soleil, nouvel Empereur, Roi de la Terre entière, c'est-à-dire ce qui restait de l'Empire romain; accédant à son trône en ce jour et permettant ainsi de dater à partir de ce jour tous les événements postérieurs.
      Christ est salué comme le Roi des rois, le Dieu puissant, Dieu des armées, Dieu jaloux et rancunier, dur pour ses ennemis et tous ceux qui lui désobéissent. Ce Dieu reflétait le besoin d'autorité provoqué par l'anarchie de l'époque en (Grande) Bretagne tel que Bède le ressentait.

         D                LA ROMANISATION DU TEMPS CHRETIEN

     Le premier Concile de Constantinople en 381 aurait, dans son canon no3, déclaré que l'Evêque de cette ville, la nouvelle Rome, avait la primauté d'honneur après l'Evêque de Rome. Le Concile de Chalcédoine en 451 est revenu sur les prérogatives de Constantinople, en rappelant que les Pères avaient accordé à bon droit au Siège de l'ancienne Rome des prérogatives en matière religieuse parce qu'elle avait été la première ville impériale. Constantinople devenait la seconde après l'ancienne Rome (canon n°28).

     Ainsi donc, la prééminence religieuse de Rome ne tenait pas à des raisons spécifiques, par exemple la vie et la mort de Pierre, Paul et autres martyrs, mais uniquement au fait que Rome avait été la ville impériale longtemps avant Constantinople. Les Conciles constatèrent clairement que la religion dépendait étroitement du domaine politique, que la naissance et le développement du christianisme s'inscrivaient totalement dans l'histoire romaine. Au milieu de ce Vème siècle, Léon 1er., vigoureux pape de la Rome chrétienne, soucieux jusqu'au scrupule de ses prérogatives, exprimait admirablement cette réalité dans son Homélie sur " la naissance (au ciel) des apôtres Pierre et Paul ", en faisant le compte de ce que la ville chrétienne devait aussi à Romulus et Remus.

     La vie et la mort de Pierre relevaient essentiellement du " Liber pontificalis " qui jusqu'à la fin du Vème siècle fut, selon Mgr.Duchesne , " un mélange bizarre de renseignements puisés à bonne source, de légendes et fantaisies diverses ". Les Actes d'Apôtres donnaient quelques renseignements sur Pierre notamment son emprisonnement par le roi Agrippa 1er, petit-fils d'Hérode le Grand, sa délivrance miraculeuse et son retour chez lui (XII -1,17); après une précédente comparution, accompagné de Jean, devant le Sanhédrin (IV-1,22); cette Assemblée les avait relâchés après avoir constaté que Pierre et Jean étaient "illettrés et simples d'esprit" (IV -13). Les " Actes " parlent de Pierre une dernière fois à propos de l'Assemblée de Jérusalem relative à la circoncision des Gentils (XV -7). Plus précisément, il n'est jamais question d'un apostolat de Pierre à Rome, où le " Liber pontificalis " le situe de 42 à 67; alors que Pierre, suivant les " Actes ", se trouvait à Jérusalem après la mort d'Agrippa, en 44.

     Pierre et Paul représentaient pour Léon 1er. des héros mythiques comme Romulus et Remus

      Denys le Petit se sentait tout à fait autorisé à faire naître son Christ-Roi le 25 Décembre de l'année 753 ab urbe condita, c'est-à-dire l'an 753 après la création de Rome calculée par Varron le grand encyclopédiste romain. Le Dieu de Denys surgissait comme un nouvel Enée; le christianisme s'écrivait totalement comme un livre de l'histoire romaine. La religion du Roi-Dieu apparaissait comme le dernier avatar des cultes de la fécondité, continuait sans rupture les vieilles religions syncrétistes gréco-romaines.

     Son calendrier et son rituel étaient étroitement conditionnés par la succession des saisons de l'hémisphère boréale; elle s'est constituée, et demeure, dans son évolution, comme la religion de l'ancien Empire romain, son Roi-Dieu se transformant substantiellement à chaque cérémonie de la messe en pain et vin de ses fidèles.

     Bref, dans le cadre de l'illustre histoire de Rome, l'invention de l'ère chrétienne reste  un " mensonge conventionnel"

     Si un doute subsistait à cet égard, il faudrait rassembler son courage pour lire " L'Histoire ecclésiastique du peuple anglais"de Bède (1), dit le Vénérable,qualifié de "Nouveau Soleil levé à l'Occident"(?). La nature hagiographique du récit;la succession ininterrompue de miracles de toute sorte, de visions célestes, de cortèges d'anges chantant des psaumes; le com-merce des reliques et d'ossements sanctifiés; les poussières mélangées à la boisson du bétail ou des humains pour les protéger ou guérir de la peste et autres fléaux, voire d'échardes de bois détachées d'une croix et plongées elles-aussi dans l'eau avant boire pour obtenir le rétablissement d'une santé; les agissements contradictoires d'un dieu"vrai et vivant"qui tantôt donne la victoire à ses fidèles sur leurs ennemis paiëns, tantôt les punit de leur fidélité pour leur faciliter l'accession au Ciel; tout ceci rappelle la remarque d'E.Poulat dans" L'ère postchrétienne"(2):"Comment a-t-on pu croire celà ?" .

     Il y a dans cette "histoire"une description presque parfaite , bien qu'involontaire ,du terreau de la Foi ,nourri des peurs incessantes dûes aux guerres , aux épidémies , aux conflits de tout genre créés essentiellement par la dichotomie entre chair et esprit , cette lutte entre le dieu "unique" et son ennemi Satan , cette guerre d'un homme contre lui-même manifestée par une recherche à tout prix de la continence sexuelle , cette quète d'un angélisme sur terre qui se transforme en bestialité et fait un ennemi mortel de tout homme ne vivant pas comme soi . Bède , malgré lui , établit la preuve que la Foi , sa Foi , croît à partir de superstitions , de faim de magie , compensant les peurs primitives qui constituent l'élément naturel de sa religion ; celle-ci se développe du fait de cette forme d'aliénation ou arriération mentale .

     Pour nous , l'essentiel reste dans la chronologie qu'il dresse des sept Royaumes divisant la ( Grande ) Bretagne , et sa volontée affirmée de faire apparaitre l' unité de son Eglise par l' unification , ou uniformisation , des pratiques et rituels, particulièrement dans le cycle pascal . Le comput romain (dionysien) fut définitivement adopté par le Concile d'Hartford de 673 . Bède est un homme de Rome , qui représente pour lui les "Lieux Saints" . Il a fait siens les calculs de Denis le Petit , qu' il attribue aux Apôtres et Pères de l'Eglise sans chercher à savoir pourquoi le Sauveur dionysien est né le 25 décembre 753 ab Urbe condita , et non le 1 Janvier 754 . S'il répète inlassablement la formule " anno domini " c'est pour signifier que l'on doit célébrer Pâques le premier dimanche suivant le 15ième jour de la nouvelle lune de Mars , et non pour instituer une ère chrétienne dont il ne parle jamais et dont la notion lui est totalement étrangère . Tous les Actes officiels romains , particulièrement les lettres de Grégoire le Grand reproduites par Béde , sont datés du règne des Empereurs romains d'Orient . Bède se réfère continuellement au caliendrier romain traditionnel , en conservant les noms romains des mois , les divisions de ces mois en calendes nonnes et ides;il décompte également les règnes des rois anglais en années depuis leur accession au trône ; la formule " anno domini " lui sert de connexion et d'unification de leurs calendriers . Bien plus , il débute son " Histoire ecclésiastique " par un rappel solennel, grâce à Jules César et à Claude , du passé de Rome , dont la création calculée par Varron 753 ans avant la naissance supposée du Sauveur christianiste constitue le point de départ effectif de toute chronologie . En outre , Bède paraissait ignorer qu' en Gaule , en Aquitaine précisément , les fidèles romains célébraient Pâques selon le comput de Prosper et Victor ; l'an 754 de Rome devenait pour eux l' année de la première Pâques ; le Sauveur s'incarnait 29 années auparavant à la naissance de leur Empire romain

     La notion d'ère chrétienne mettra plus de neuf siècles après la mort de Bède pour s'imposer en France , sans aucune considération pour la manifestation historique du premier Noêl chrétien le 25 décembre 335 , après la naissance supposée du Sauveur par Denis le Petit .

     Qui avait intérêt à dissimuler la romanisation du temps chrétien? Qui avait suffisamment de puissance pour imposer cette dissimulation? Bède, là encore, nous donne la réponse en montrant que les évêques chrétiens agissaient comme " prophètes" de leur dieu , parlaient en son nom , imposaient leur pouvoir " spirituel " aux rois eux-mêmes , dont les meilleurs étaient appelés ses " fils " par l' évêque de Rome chef de la chrétienté occidentale . Nous voyons le pouvoir dit " spirituel " se "temporaliser " de plus en plus , si bien que l'Eglise deviendra , comme naturellement , un royaume , un Etat pontifical , lors du déclin prononcé de l' Empire d' Orient . Le chef de cet Etat pontifical , bientôt Vicaire du Christ , parlant au nom de Celui-ci , revendiquera avec l' infaillibilité , le pouvoir de nommer Rois et Empereurs ; il fixera l' origine de sa puissance à la date de l' accession de son dieu à l'Imperium ,c'est à dire à la date de son Incarnation supposée acceptée par Jean 1er en 526 , après les calculs de Denys le Petit. Vérité de Foi donc , controuvée par l' histoire . Qu'est-ce qu'un mensonge , sinon le refus des faits ?

     La vérité crève peu à peu le manteau des dissimulations Aveuglés par leur volonté de puissance et leurs tromperies intéressées,les chefs successifs de l'Etat-Eglise se sont abusés eux-mêmes : en célébrant la naissance de leur dieu le 25 décembre de chaque année , ils poursuivent., comme malgré eux , la tradition romaine du Sol Invictus initiée par Aurélien le 25 décembre 274 ; ils constituent les derniers adorateurs du dieu Soleil , tel qu' apparaissait Constantin à ses sujets chrétiens ; sa déification postmortem , sous le nom composé de Jésus-Christ , manifeste à l' évidence l' aliénation mentale , illustrée par Bède le Vénérable , qui a engendré le christianisme romain

     L'ère chrétienne reste bien une datation conventionnellement mensongère .

 

 

(1) cf. Bède le Vénérable - " Histoire ecclésiastique du peuple anglais " - 2 tomes- Editeur Les Belles Lettres - Paris .

(2) cf. Emile Poulat - " L' Ere postchrétienne " - Editeur Flammarion - Paris ..

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